Parler le français au Québec, c’est parler une langue qui a la mémoire longue de son histoire plusieurs fois centenaire en Amérique, tout en étant dotée d’alliages langagiers récents. Une vitalité tenace qui témoigne du dynamisme d’un français qui évolue sans cesse avec ses locuteurs : marque d’une langue vivante, créative et ouverte sur le monde. Le dossier du tout nouveau numéro de la revue Les libraires explore l’état des lieux du français au Québec par des articles fouillés tels que celui proposé par l’équipe de la Vitrine linguistique qui défend la muabilité de la langue, des entrevues éclairantes menées auprès de linguistes et d’auteurs et, pourquoi pas, un test ludique pour évaluer vos connaissances. Vous y retrouverez également les plumes inspirantes de nos chroniqueurs ainsi que les suggestions de lecture soigneusement choisies par nos libraires et collaborateurs passionnés. De quoi vous (re)donner la piqûre pour cette langue qui se vit autant au quotidien qu’entre les pages d’un livre.
« Suzanne vient de mettre au monde son premier enfant. L’événement ne se passe pas comme prévu — une césarienne lui est imposée, écartant avec elle le plan de naissance et les rêves d’un accouchement naturel. Dépossédée de son corps, ses souvenirs volés, la nouvelle maman tente de se retrouver, de reprendre sa place et d’entrer dans son nouveau rôle, sans succès. Dans ce premier roman, Julie Benoît traite d’un sujet mille fois abordé, mais avec un renouveau qui nous réconcilie avec le genre. Ici, c’est la vérité crue qui est dévoilée : chaque mot, chaque phrase illustre le combat mené par Suzanne à travers une écriture brute et maîtrisée, qui nous confronte sans gants blancs aux réalités vécues par certaines mères. »
« C'est un talent sous-estimé que le déni. Aujourd'hui, on nous dit que c'est un défaut, on nous dit que nous devrions être proches de nos sentiments, honnêtes avec nous-mêmes. Mais essayez, un peu : représentez-vous deux personnes, debout dans des barriques remplies de mélanges visqueux bouillonnants, plongées dedans jusqu'au cou, et obligées d'y demeurer toute la journée. Lequel va s'en accoutumer le mieux? Le plus doué pour le déni, évidemment. »
La fébrilité s’empare des auteurs et des autrices à qui on annonce que leur livre est finaliste sur les prestigieux Prix littéraires du Gouverneur général.
En pleine campagne électorale, la mairesse de Longueuil trouve le temps de lancer un livre. Avec Apprivoiser la politique, elle enjoint aux Québécois de s’intéresser à la chose publique et de s’impliquer à leur façon.
De toutes les expériences humaines, il en est une dont la matière première s’avère des plus singulières : elle se figure en ondes perçues à l’ouïe, mais se révèle aussi à l’œil nu. Nous parlons ici du mot, des sons qui parfois le rendent audible, et de son écriture, acte vieux comme l’Histoire, dit-on.
Pierre Yergeau a subjugué la critique en 1992 avec un premier titre, Tu attends la neige, Léonard?, Réginald Martel s’inclinant en parlant de grande littérature, Diane-Monique Daviau manquant de superlatifs et moi, émerveillé, évoquant Ducharme.
S’entretenir de la langue française au Québec soulève bien souvent les passions. On déplore à quel point elle est malmenée, on soutient qu’elle est difficile à maîtriser, on s’inquiète de sa survie, on craint qu’elle perde de sa superbe. Quoi qu’on en dise, il est plutôt bon signe qu’elle suscite l’agitation : toute réflexion épineuse est la preuve qu’on n’y est pas indifférents.
Pour consulter le dossier complet sur le français au Québec de la revue Les libraires : cliquez ici.
« C'est un roman américain bien plus que parfait qui laboure des champs en jachère usés par la redondance du mal. James de Percival Everett publié à l'Olivier propose un renversement de perspective aussi inédit qu'irréfragable, un saut paradigmatique comme une aventure d'émancipation historique menée par un homme qui a appris à lire en cachette et qui massacre son langage en présence des Blancs de sorte de leur demeurer inférieur. Je suis admiratif du talent de cet auteur qui saisit Mark Twain et lui fait faire un vol plané épique. Et si vous pensez que c'est seulement un roman théorique, détrompez-vous; les eaux du Mississippi sont houleuses et lorsque le vol d'un crayon peut conduire à une insupportable séance de coups de fouet, on peut s'attendre à tout. Courez le lire, prenez congé tout de suite, le travail peut passer en second. »